Le Bassin cotier de tarfaya (Maroc meridional). Tom III. Paleontologie
Cinq ans après la parution de deux premiers Tomes, consacrés à l'étude de la Stratigraphie et de la Paléontologie du Bassin côtier de Tarfaya (1966), voici que nous présentons aujourd'hui le Tome III, consacré également à la Paléontologie de cette province, dont le Crétacé s'est révélé d'une richesse inouïe en fossiles.
Ce Tome III comporte une série d'importantes études sur les Mollusques du Crétacé, notamment celle du Général M. Collignon sur les Gastéropodes, celle de Madame S. Freneix sur les Lamellibranches, celle de J. Sornay sur les Inocerames. Il s'y ajoute une quatrième étude sur les Echinides du Moghrebien par J. Roman.
La particularité des formations crétacées de cette région consiste dans le fait que l'érosion, au lieu de dissoudre les coquilles des fossiles, les dégage au contraire patiemment en dissolvant peu à peu la roche encaissante. Cette action est due sans doute d'une part au climat, caractérisé par de très faibles précipitations, et au contraire par des brouillards matinaux intenses, d'autre part au fait que toutes les eaux de la région sont plus ou moins salées. Quoiqu'il en soit, on y récolte des fossiles de toute beauté en excellent état de conservation, ce qui est d'ailleurs attesté par les planches de photographies.
Un grand nombre de Gastéropodes et Lamellibranches, qu'on trouve ordinairement sous forme de moules internes, se présentent à Tarfaya avec leur coquille entière et parfaitement dégagée. Or, on sait que depuis les célèbres travaux de Pervinquiere, au début de ce siècle, on donnait des noms latins aux moules internes des Mollusques dont les coquilles n'étaient pas connues. Parmi les Lamellibranches et Gastéropodes de Tarfaya, il y a assurément un certain nombre de ces moules internes de Pervinquiere, ou de ses successeurs, dont on pourra enfin connaître les aspects réels munis de leurs coquilles.
Malheureusement, ils porteront d'autres noms, car il serait bien délicat, et même imprudent, de chercher les correspondances exactes entre le moule et la coquille.
Ceci explique le grand nombre d'espèces nouvelles, voire de genres nouveaux, dans la faune fossile du Crétacé de Tarfaya:
40 espèces de Gastéropodes, décrites par le Général Collignon, dont 32 rien que dans l'Albien, avec 11 espèces nouvelles. Cela fait une nouvelle espèce pour environ quatre décrites.
Près de 50 espèces (49) de Lamellibranches, décrites par Madame Freneix, parmi lesquelles 3 nouveaux genres, 3 nouveaux sous-genres, 17 espèces nouvelles, 4 sous-espèces nouvelles, c'est-à-dire plus d'un tiers de la faune.
De son côté, J. Sornay a également décrit une espèce nouvelle sur les quatre Inocérames différents reconnus dans nos récoltes. Il est d'ailleurs regrettable que nous n'ayons pas pu rapporter ne serait-ce qu'un individu des Inocérames géants de la cascade de Khaoui-En-Naam, au pied de la Hammada d'El-Gaada (T. I, PI. 29).
Nous rappellerons que ces riches récoltes ont été faites par A. Faure-Muret, L. Hottinger, G. Lecointre, H. Salvan, C. Viotti et moi-même pendant la mission de 1961, de même que par le regretté Ch. Hamel, ainsi que R. Lehmann, qui ont pris part à la 2e mission, l'année suivante.
Nous tenons à remercier ici de la part du Service géologique du Maroc et, bien entendu, de notre part, Madame Freneix, le Général Collignon, à qui on doit déjà la belle monographie sur les Ammonites de Tarfaya (T. II, 1966), ainsi que MM. Sornay et Roman pour avoir bien voulu étudier ces faunes.